Un récit de Gérard Laurin
À 6 h 30 du matin le soleil, toujours à l’abri derrière les grands pins diffuse assez de lumière sur l’étang pour réveiller les oiseaux. Ce n’est pas la basse-cour, nous ne sommes pas en Australie mais quelques canards, quatre mésanges, autant de sitelles et une grive suffisent pour capter l’attention durant des heures. Les corneilles sont allées faire leur vacarme ailleurs.
La grande déception du jour : les mésanges restent totalement indifférentes à la nouvelle mangeoire que je leur ai bricolée hier. Elle est pourtant magnifique avec son toit fait de retailles de bois d’ingénierie, les murs latéraux et le plancher taillés dans les planches remplacées sur le mur du Refuge et destinées au rebut. Cette pièce d’architecture magistrale dispose même d’un plateau d’accueil, d’un grenier ouvert et d’un balcon. Une mésange a poussé l’insulte jusqu’à venir picorer une graine de tournesol à deux pas de la mangeoire sans daigner visiter la réserve à sa portée. Tant pis, on verra demain. Si elles sont trop butées je leur coupe les vivres dans la première mangeoire.
En mars nous avons observé un couple de canards Mallard (canard colvert, Anas platyrhynchos), qui batifolaient tous les jours dans les eaux libres de l’étang que nous nous plaisons à désigner du nom de lac. Depuis quelques semaines le mâle est le plus souvent seul. Ou en compagnie d’autres mâles. J’en déduis que les femelles sont en train de couver les œufs et que la chaleur venue, nous verrons une file de canetons nager derrière leur mère dans le courant de la rivière.
À 11 h 30 c’est l’inspection du jardin potager. « Non, Anita, l’ail ne pousse pas dans la terre gelée, la ciboulette non plus. Il va falloir attendre quelques semaines. Non, c’est trop tôt pour semer ». Il y a des gens fébriles comme cela le printemps.