Camp de base de l’Everest, une chronique de Renald Mailhot
À l’école primaire, une de mes professeures était passionnée de géographie, au point de m’en transmettre le gout. Elle m’a particulièrement séduit par l’Everest, au Tibet, et Bali, une ile d’Indonésie. J’avais 11 ans et je me suis dit qu’un jour j’irais visiter ces deux pays. Pourtant, je suis d’un milieu rural plutôt modeste et sédentaire, semblable à toutes les familles de la paroisse. J’avais 15 ans quand mes parents ont acheté leur première automobile.
À l’âge de 51 ans, je réalise mon rêve. Quelques années plus tôt, je me suis inscrit à un plan de congé à traitement différé qui me permettait de m’absenter de mon travail pour partir pour 5 mois avec mon sac à dos. Mon agent de voyage m’a convaincu que l’anglais étant très pauvre en Chine et au Tibet, il valait mieux me joindre à un groupe organisé. J’ai choisi le Club Aventure dont les agents de voyage avaient visité ces lieux à diverses reprises et étaient compétents.
Quand nous arrivons à Lhassa, la capitale du Tibet, je suis le dernier à me présenter pour mon inscription. La seule chambre libre est située au quatrième étage. Je dois faire une escale au deuxième, car je manque de souffle pour aller plus haut d’un seul trait. Pourtant, durant le mois précédant mon départ et durant mon mois de séjour en Chine, j’avais fait beaucoup de bicyclette pour être en bonne condition physique. Malgré mon entrainement, l’altitude ne permet pas qu’on oublie son effet.
Nous visitons tous les alentours de la capitale. Nous allons en haute montagne voir les moutons et les yacks (un bovidé) qui broutent un thym plus riche que le nôtre. Nous nous rendons au Palais du Potala, qui vaut son détour pour son architecture. Il était la résidence du Dalaï-Lama, qui afin de sauver sa vie, avait dû fuir en Inde quelques années plus tôt à la suite d’un soulèvement tibétain contre la Chine.
Nous nous rendons finalement jusqu’au « camp de base », point de départ des alpinistes qui escaladent l’Everest. La vue est magnifique. Nous sommes chanceux, car il n’y a pas de nuages, ce qui est assez rare. Seule une petite brume flotte à l’horizon de la montagne. Nous sommes éblouis par la pleine lune qui se pointe vers les 10 heures derrière les montagnes qui la couvraient. Après avoir chanté et dansé avec les Tibétaines (les hommes ne se sont pas joints à nous), nous allons nous coucher, car nous avons une longue route le lendemain.
Il fait froid, aux alentours de zéro. Les excréments séchés des yaks brûlent pour nous réchauffer. L’odeur n’est pas la meilleure et la boucane m’étouffe. Alors, sans mener de bruit, je décide de sortir de notre gite et d’aller marcher. Quel décor ! Les sommets des montagnes sont de toute beauté avec le clair de lune. À l’occasion, des chiens jappent, mais comme ils ne viennent pas vers moi, j’en conclus qu’ils sont doux. Je marche vers l’Everest jusqu’à 3 heures du matin avant de rebrousser chemin pour n’inquiéter personne.
J’ai réalisé mon rêve d’écolier: j’ai vu le camp de base et l’Everest à leur meilleur!