Un récit de Thérèse André et d’Armand Ducharme
Quand nous avions 55 et 50 ans, mon conjoint Armand et moi, avons pris une année sabbatique et sommes allés faire du cyclo-tour en Europe pendant quatre mois.
Partis en avion avec nos vélos et tout l’équipement de camping, nous avons parcouru la France, la Belgique, les Pays-Bas et une partie de l’Allemagne, à raison de ±65 km/jour.
À notre arrivée à l’aéroport Charles de Gaule, nous constatons que sept rayons de ma roue avant de vélo étaient brisés. Ni une, ni deux, je prends le RRE, petit train allant au centre ville de Paris, pour acheter de nouveaux rayons. Quelle aventure de début de voyage ! Donc nous avons dû réparer mon vélo, puis sommes partis sur une Route Nationale 1 vers la campagne. Premier camping près de la tombe de Jean-Jacques Rousseau. C’était un honneur pour nous de dormir là où il a écrit ses œuvres.
Parfois, si nous ne trouvions pas de camping, nous allions camper dans un cimetière, ou sur un terrain de football. Là, il y a toujours de l’eau pour les fleurs et nos besoins personnels. Et c’est calme !
À Givet, nous montions une longue côte avec nos vélos bien chargés, des gendarmes de la route nous attendent en-haut de la côte……juste pour parler. Nous étions bien étonnés. On leur a demandé s’ils préféreraient changer leurs motos contre nos vélos !
En France, nous avons traversé des vergers de poiriers, avons ramassé quelques poires délicieuses tombées par terre. Elles étaient juteuses à l’extrême.
Une fois, nous avons acheté des produits de la ferme. Les agriculteurs nous ont invités à camper sur leur terrain et nous avons partagé le souper.
Un beau matin, le temps de prendre une douche, le propriétaire du camping avait déposé une baguette toute chaude devant notre tente.
À un autre camping, les propriétaires portaient les mêmes noms que nous. Nous avons partagé nos expériences de vie. Lui, avait été parachutiste pendant la guerre. On aurait pu l’écouter pendant des heures !
Le soir, nous allions bien habillés dans un bon restaurant. Un client arrive et s’adresse à Armand pour qu’on lui assigne une place. On aurait dû jouer le jeu du maître d’hôtel !
Un jour, aux Pays-Bas, j’étais assise sur le sable devant les cabines de déshabillage. Une dame veut me donner de l’argent pour que j’ouvre la toilette. Derrière moi se trouvait la toilette publique cadenassée. Vu mon étonnement et mon refus d’ouvrir la porte, la dame était furieuse ! Armand m’a appelée Madame Pipi toute la journée !
Nous portions un casque de cycliste avec les collants Québec et Canada. En nous regardant, un père dit à ses enfants : « Regardez, des astronautes québécois !»
Un autre père dit : « Ce sont des gens intelligents, ils protègent la partie la plus importante du corps. »
Un jour, nous sommes devenus « Arsène Lupin » détective. En montant une côte, donc en allant très lentement, nous avons aperçu des montres dans les framboisiers. Nous sommes allés au bureau de police de la ville. La nuit précédente, les policiers avaient en effet poursuivi sans succès des voleurs, qui avaient des fusils automatiques. Les policiers n’avaient pu les prendre au collet.
À Blois, après avoir admiré les nombreuses inventions de Léonard de Vinci dans son immense demeure « Le Clos futé », nous traversions un pont majestueux. Un gros camion me klaxonnait de plus belle, moi, j’allais de plus en plus vite. Arrivée à l’autre bout du pont, j’arrête…un cycliste me rapporte une de mes sacoches décrochées de mon vélo. Merci au camionneur et au cycliste !
En Champagne, nous entendions des bruits assourdissants de roches. Quelle ne fut pas notre surprise de voir un tracteur qui roulait entre les vignes sur de la roche calcaire. Il faut dire que les vignes ont de longues racines, car en surface, c’est le désert.
À Orléans, il pleuvait tellement, que nous sommes allés à Paris sous la pluie, puis avons pris un TGV jusqu’en Belgique pour voir ma mère. Le dernier wagon est réservé pour les gros bagages. Comme nous étions à l’autre bout du train qui démarrait dans quelques secondes, le gentil conducteur nous a fait monter dans la locomotive de tête. J’étais assise à côté de lui et il m’a donné les instructions pour conduire le TGV ! Unique chance de faire cela dans ma vie !
Après 25 ans, nous nous rappelons encore de nos bons souvenirs de voyage. Nous avons eu tout le loisir d’admirer les paysages, de visiter des châteaux, de fraterniser avec des gens sympathiques, de manger des fromages du pays, de boire du vin sans nom à 2 $/bouteille, parfois de parler aux vaches, de traverser des villes millénaires, d’être applaudi par des pelotons de cyclistes…….C’est le meilleur voyage fait dans notre vie !